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Aucune participation prévue dans les 8 semaines à venir.

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Mud in MUT

Par Rag' - 29-04-2023 18:59:53 - 4 commentaires

Dance, dance, dance in muddy puddles
Splish, splash, splosh, splish, splash
Dance, dance, dance in muddy puddles
Splish, splash, splosh, splish, splash
With a big splash here, and a big splash there

Ainsi s’exprimait une des plus grandes penseuses et essayistes de ce début de XXIe siècle, parce qu’elle était aussi poète et chanteuse à ses heures perdues, Peppa Pig, de son vrai nom Lady Penelope Fried Bacon. « Danse, danse, danse dans la boue, Plif, plaf, plouf, Danse, danse, danse dans la boue, Plif, plaf, plouf, Avec un grand plouf ici, et un grand plouf là», au-delà du caractère régressif de ces onomatopées enfantines, on note ici la volonté de l’autrice d’exprimer son désir de vivre l’instant présent, de réaliser son épanouissement à travers les diverses expériences que la Nature nous offre, un parfait exemple de l’existentialisme de Sartre. Cela siérait parfaitement aux dix dernières semaines qui viennent de se dérouler si j’étais un cochon. Ou un sanglier. Ou un phacochère. Sauf que je ne suis pas à proprement parler un représentant des porcidés…

« On dirait qu’ça t’gêne de marcher dans la boue … [ ?] »

Tu l’as dit, bouffi ! T’as raison, Raymond ! Weh wesh, Michel Delpech! Ça ne m’a pas trop rebuté au début mais je dois bien avouer que la flotte et la boue, et parfois un vent à décorner les bœufs eurent vite fini d’user ma légendaire patience et de me transformer en dangereux « argilophobe » (sic). « Ça raffermit la peau, c’est bon pour les pieds, on en fait de jolis vases », « Mon cul, ouais ! », plein les groles de déraper, glisser, patiner ! Les mois de mars et avril furent un calavaire, un long chemin de croix ! Je ne sais pas s’il y a eu les 14 stations mais je peux vous assurer que Jessie (JC) n’aurait pas gardé son calme olympien s’il avait dû se trimballer sa croix sur les pentes boueuses du mont Golgotha. J’vous prie de croire qu’il en aurait collé des tartes, la multiplication des pains, ça l’connait ! Et chaussé de ses Crocs en peau de chèvre (ou de mouton à quatre cornes !), c’est pas trois chutes qu’il aurait endurées ! Putain de bordel de boue ! … Camons-nous. Ceci dit, il est nécessaire que je reprenne depuis le début la narration de cette aventure qui s’est achevée ce samedi 22 avril vers 19h00.

            Décembre 2022, Ledringhem, Nord. Allergique aux grandes messes du trail depuis un sombre mois d’août 2009 – RIP « esprit trail » parti trop tôt… - je  me mets en quête d’un trail. Le cahier des charges est le suivant :

-       Je n’en connais pas le parcours, 

-       Une fois la ligne de départ franchie, je n’aurai pas l’impression de faire mes courses à Auchan un samedi avant Noël, 

-       Une distance de 80 km minimum sans trop de D+.

En résumé, un trail qui semble abordable pour ma carcasse, mon porte-monnaie et ma santé mentale. Une fois de plus, c’est de l’autre côté de la frontière que le choix s’offre à moi : 

-       à ma droite, LAT pour Legends Ardennes Trail, 100 bornes, 3000 D+, course en ligne, 1ère édition, Ardennes Wallonnes  ;

-       à ma gauche, MUT pour Muur Ultra Trail (Muur Utra Trail), 80 bornes, 2000 D+, course en ligne, 1ère édition, Ardennes Flamandes.

Flandres contre Wallonie, Flamands contre Francophones, bière contre bière. Une opposition classique. Même si le LAT m’a paru, un bref instant, une option envisageable, il faut bien se rendre à l’évidence que les trois dernières années sportives ne plaident pas en sa faveur, un peu trop long mais surtout, ces Ardennes profondes m’inquiètent depuis juin 2019 et cet AMT (Ardennes Mega Trail) qui est à mon modeste palmarès ce que la victoire est à Pyrrhus : un statut de finisher mais à quel prix !? De la sueur, de la bave, des pleurs et un tombereau de tendinites et courbatures en tout genre. Ainsi, avec un physique en carton et un mental en polystyrène, il n’était pas dans mon intérêt de vouloir pisser trop haut. Je me sentais plus l’âme d’un teckel arthritique devant un réverbère que celle d’un Danois conquérant. Ce sera donc le MUT, à savoir un format que j’ai su maîtriser une fois sans pépins en 2018 lors de la 1ère édition du NTMF (Nord Trail des Monts de Flandres).

Janvier 2023. Comme à son habitude, mon frangin emboîte le pas et s’inscrit également sur le Eighty Eighties (jeu de mots que je n’ai toujours pas saisi, au contraire des Mighty Marathon, Dirty Thirty ou Twinky Twelve, les 3 autres distances proposées). Nous ferons la préparation ensemble, l’émulation compensera en partie le manque de motivation qui ne manquera pas de poindre le bout de son nez lorsqu’il s’agira de sortir les groles et la frontale sous la flotte et dans le noir. Ce sont dix semaines relativement chargées qui s’annoncent, le plan que j’ai concocté est une première en soi : je n’ai gardé que 3 sorties course à pied (fractionné en côtes/ « seuil » et sortie longue) et y ai ajouté 1 séance de renforcement musculaire, 1 séance de natation et 1 séance de vélo. J’espérais pouvoir m’éviter les blessures qui n’en finissent plus de raboter mes saisons et entamer mon maigre capital-confiance. Force est de constater que je n’ai pas réussi à m’y tenir ; la faute à la météo pour le vélo, la faute au boulot pour la pistache. Pour les sorties à pied, le boulot a été fait, c’est déjà ça.

Février-Mars-Avril 2023. Ah oui, faut qu’on cause de cette prépa… Naïvement, je m’étais projeté sur une préparation certes exigeante et parfois difficile, toutefois je m’attendais à quelques séances plus « faciles » par ci par là, le genre de séances où tu es dans le « flow », où tu te laisses porter par cet état de grâce qui t’enveloppe, te protège et te fait ressentir une certaine puissance, un bien-être béat… Hé beh, nada, que dalle, walou, peau d’zob ! Pour le « bien-être béat », on repassera. Ce fut une interminable succession de séances laborieuses, où j’en ai bavé, sué sang et eau, non pas tant par le contenu des séances mais surtout par les conditions météorologiques qui n’ont cessé de me pourrir l’existence : soit ça caillait des meules, soit ça pleuvait, soit ça soufflait. Ou les trois ensemble, YOLO !? J’en ai chié grave. À plus d’un titre je me suis souvent senti dans la peau de Karamazov (non, pas l’Aliocha de Dostoïevski), Karamazov Serge, « fils unique » dans la scène de la course-poursuite : 

« Je vais me chier dessus. »

Littéralement j’entends ! C’est pas très glamour tout ça, ça en jette moins que de la Barkley, du Jornet ou de la Backyard, hein ?! Peu importe, j’ai atteint mes limites. Mes sphincters également, mais je tiens à préciser : sans les dépasser.

Même lors des sorties longues, ça n’a pas toujours été du gâteau. Une île flottante plutôt. De la flotte et de la boue, en quantité astronomique, lors du DAQ trail et de la Vic’trail entre autres. Autant de sorties en conditions de course qui, malgré tout, nous rassurent un peu sur notre état de forme : on grimpe facile, le cardio ronronne, la mécanique semble bien huilée. Les dix semaines de préparation touchent à leur fin et nous abordons cette dernière semaine, je ne dirais pas « confiant », mais sans inquiétude. Nuance…

 Pendant ce temps-là, mon épouse trouve un logement qui nous accueillera la veille, côté logistique, elle « assure » (comme la Matmut, ou plutôt la Mam’ MUT, rapport au nom du trail toussa toussa… « Jean Blaguin, humoriste ! »).

C'est drôle, hein?
C'est drôle, hein?

La course se déroulant en ligne, d’un point A à un point B, il semble judicieux d’avoir un logement près du départ, la petite ville de Schorisse. Celui-ci se révèlera extrêmement confortable, accueillant et spacieux,  même si nous avons grimacé après-course lorsqu’il fallut grimper les escaliers qui menaient au logement. 

Un petit mot sur l’organisation et sa communication : j’adore les organisations belges ! Efficaces, pragmatiques, responsabilisantes. Depuis notre inscription, point de matraquage publicitaire via les RS, une réactivité exemplaire à nos questions et le souci de l’accueil et de l’environnement qui nous permettront de nous adonner aux douces joies du trail. Loin de vouloir faire de ce trail une machine de guerre qui écrase tout sur son passage, au propre comme au figuré, le nombre total de participants est limité à plus ou moins 550 coureurs (4 courses). Faire défiler des milliers de coureuses et coureurs à travers les espaces naturels provoqueraient trop de dégâts et/ou de dérangements pour la faune et flore locales. Ainsi nous ne serons que 67 inscrits sur le 80 km et environ 150 sur chacune des trois autres distances. 

Le parcours. Il nous emmènera de Schorisse à Grammont, zone d’arrivée (41 km) où nous enchainerons avec le parcours du Mighty Marathon (+-45 km) avant de revenir dans Grammont pour une partie Urban trail qui nous fera emprunter le mythique Mur de Grammont (Muur van Geraardsbergen), secteur pavé ô combien célèbre du Tour des Flandres cycliste. Je dois bien avouer que lorsque j’ai eu accès à la trace GPX, je me suis inquiété du caractère réellement bucolique de l’aventure, nous aurait-on menti ? Le secteur est beaucoup moins sauvage que ce à quoi je m’attendais, nous ne sommes pas au cœur des Ardennes mais sur ses contreforts, moins de dénivelé donc plus d’activités humaines, plus d’habitations. Vu du satellite, ça ne vendait pas du rêve, loin de là. En revanche, vu du plancher des vaches (ou des lamas)…

             Samedi 22 avril, Schorisse, 7h30. Après une nuit peu reposante, mon épouse nous conduit au départ dans la petite bourgade flamande de Schorisse. Non sans mal car de multiples déviations nous contraignent à rallonger le trajet et à diminuer subtilement la largeur de notre sillon inter-fessier… On serre les fesses quoi. Arrivés à Schorisse, l’église est vite repérée, la ligne de départ se situe juste derrière, à côté de l’école communale. C’est bon, on y est. Première interrogation du jour : ne nous serions-nous pas trompés ? Aucun bruit, aucun signe d’animation, c’est calme, paisible, une nappe de brume couvre les pâturages environnants, seul le champ matinal des oiseaux vient troubler la quiétude des lieux. On contourne l’église et s’offre à nous ce spectacle irréel : cinq ou six personnes sont affairées à préparer la ligne de départ. L’arche n’est pas encore gonflée, aucune sono pour cracher quelques titres rock’n roll réchauffées ; mais bientôt un duo saxo-synthétiseur s’installe et se met à jouer des titres populaires en attendant le reste des concurrents. Béni soit Charlie Oleg ! En tout cas, aucun signe d’empressement pour le staff : no stress, no fioritures, à la cool, à la belge quoi, j’a-do-re. Quinze minutes avant le départ, tout est en place, les coureurs sont arrivés, tous équipés de trackers GPS (comme des pros), les appareils photo et les caméras sont de sortie, ça mitraille et ça filme sévère, un drone vient compléter tout ça. L’équipe en charge de l’organisation semble extrêmement réduite mais exceptionnellement efficace. Une petite production hollywoodienne ! De plus, l’animateur [Mout Uyttersprot] qui s’empare du micro n’est pas sans rappeler Couscous (Jean-Paul  Rouve dans Podium) :   coupe mi-longue, veste improbable (en fourrure, un truc comme du putois) et le reste à l’avenant.

Équipé de son micro relié à une enceinte portative, il est là pour mettre l’ambiance et ça se voit ! Mais ça ne s’entend pas. Bon, on ne comprend rien de ce qu’il dit. Godverdomme ! Nous sommes en Flandres et malgré nos racines flamandes, sommes bien incapables de piger quoi que ce soit, nos compétences linguistiques se limitant à quelques expressions et autres jurons populaires. [On me signale dans l’oreillette que le dit-animateur est un acteur belge, surtout connu pour son rôle de Filip dans la sitcom flamande De Kotmadam, il est aussi un fervent amateur de trail].

            8h00, le départ est lancé, un petit coucou à mon épouse puis Flo et moi enclenchons le mode « 6min/km ». Les premiers kilomètres sont une mise en bouche de ce qui nous attend pendant les prochaines 85 bornes, du plat, du faux-plat et quelques pentes nécessitant d’adopter marche plutôt que course. La météo est idéale, fraîche mais pas un nuage à l’horizon, profitons-en ! Et, comme l’a si bien chanté Coluche : « convenons-en ! », convenons que c’est vachement joli en ce début de printemps : des bois, des pâturages, quelques champs et des bestioles à plumes et à poils. Tenez, en parlant de bestiole à poils (ne vous inquiétez pas, rien de dégueulasse ne va suivre, pas la peine d’éloigner les enfants), un peu après le départ, j’aperçois un   petit troupeau de moutons dont l’espèce m’interpelle : des moutons à quatre cornes, le genre d’animal que tu imagines soit dans des rites occultes où le maître de cérémonie est coiffé d’une tête sanguinolente d’ovin, soit sur les pochettes d’album d’un groupe suédois de Black Metal.

Bon ou mauvais présage, le doute m’habite ? Ce mouton qui semble tout droit sorti du bestiaire démoniaque de Brueghel l’Ancien et qui nous observe d’un regard torve est-il une créature démoniaque à la recherche d’âmes à damner ? D’un coup de sabot, va-t-il ouvrir la porte des enfers et nous condamner à une éternité de souffrance sous les fourches acérées des hordes de démons ? Est-ce que Satan l’habite ? Fort heureusement, rien ne viendra confirmer mes craintes et nous nous éloignons à petit trot du pré en forme de pentagramme…

            9h00, une heure que nous sommes partis (calcul mental de ouf !). Tout semble en ordre, le parcours est roulant bien que très humide et boueux. Nous empruntons plusieurs anciens chemins pavés dont les pierres nous malmènent les plantes de pied ; entre les bas-côtés glissants ou les arêtes en granit, je choisis la première option. Nous nous alimentons et nous hydratons très régulièrement, la boisson isotonique et la barre énergétique sont appréciées… 

Km 17, premier ravito. Nous rechargeons les poches en boisson énergétique et je me jette sur les chips et les cacahuètes, un peu de salé ça ne se refuse pas. Presque deux heures que je sirote ce truc affreusement sucré et mes papilles commencent déjà à saturer. Nous repartons dans la joie et la bonne humeur, encouragés comme il se doit par le responsable de l’organisation. Nous l’avons déjà croisé lors du retrait des dossards la veille et ce dernier profite de notre arrêt pour s’enquérir de notre ressenti en ce début de parcours. Nous sommes littéralement enchantés par les paysages, le tracé varié et ce balisage qui ne laisse jusqu’alors aucune place au doute.

             Les kilomètres défilent, nous traversons de nombreux bois où des tapis de jacinthes ondulent d’un mauve apaisant sous les frondaisons de hêtres, chênes et autres résineux majestueux.

Soudain, un brocard en velours apparait à notre droite et nous accompagne sur quelques centaines de mètres, quel plaisir de traverser ces espaces naturels et avoir le privilège d’observer un tel spectacle. [Mode « Jamy » ON] Un brocard en velours est un chevreuil mâle dont les bois sont encore recouverts d’une peau appelée « velours » et non, il ne porte pas un pantalon velours côtelé, un collier de barbe et une sacoche en cuir en bandoulière [Mode « Jamy » OFF]. 

             Quelques minutes plus tard, nous avons l’heureuse surprise de croiser notre quatuor de supportrices inconditionnelles (ma belle-sœur, mes deux nièces et mon épouse) qui vont nous suivre tout au long du parcours grâce au Livetrack que j’ai activé. Les pancartes d’encouragements sont de sortie ! Nous les croiserons plus d’une dizaine de fois et leur soutien sera un précieux réconfort dans les moments plus difficiles.

Nous échangeons quelques mots et repartons vers le second ravitaillement au km31. Je ne me souviens plus très bien de ce que j’y ai fait cependant je peux dire qu’à partir de ce moment, la petite balade sportive du samedi matin s’est imperceptiblement mué en « dans quelle galère nous ai-je embarqués ? ». Entre temps la flotte s’est invitée et me refroidit les guiboles. Le pas n’est plus léger, les muscles se nouent, l’heure n’est plus à la douce euphorie… La pluie et le vent d’est érodent mes ambitions en jetant un voile sombre sur mes capacités à aller au bout de cette aventure. Encore 55 bornes à tenir comme ça, je ne m’imaginais pas me sentir autant usé après 30 km, alors que notre objectif répété depuis le début était d’arriver au 41e km « relativement frais » et de commencer la course à ce moment-là. Le plan  ne se déroule malheureusement pas sans accroc. Saint Hannibal Smith, priez pour nous !

          Et quand ça veut pas, ça veut pas… Mon genou commence à me gêner, comme dans quasiment tous les trails de 30 bornes et plus : TFL ou tendon rotulien, si c’est pas l’un, c’est l’autre. On peut dire que je n’en mène  pas large, c’est la fête à Neuneu, le salon du bobo, le festival de la couille : le physique en carton et le moral en polystyrène, j’vous l’avais dit ! Pour Flo, c’est pas beaucoup mieux, ça tape des semelles plus qu’à l’accoutumée, son ménisque joue les yoyos et une obscure tendinite achiléenne se rappelle à son bon souvenir. Décidément, ce trail se mue en cour des miracles, en pèlerinage de lépreux vers Jérusalem, les boiteux comptez-vous ! Pour nous consoler, nous avons en point de mire le ravito du km41 où nous attendent notre « sac de rechange » et un ravitaillement plus conséquent. Et hop ! Hocus pocus ! Abracarambar ! Nous voilà rhabillés de la tête aux pieds, au sec, en mode conquérant, le regard volontaire portant sur l’horizon lointain… … … Non, ‘fin, pas tout à fait, ça ressemble plutôt à une longue suite d’onomatopées. « Gnnnrr ! (putain de chaussures qui collent), Arrrrrhhh ! (les chaussettes gorgées de flotte et de boue), Grrrrrr p‘taaaiinn ! (Le pied nu dans la boue), Chiéééé ! (le dossard que tu dois accrocher sur le maillot sec), frot’ frot’ frot !’ (la serviette qui sèche). Ce « pit-stop » relève plus d’un numéro de cirque : équilibrisme, contorsion et escamotage (froid + pluie + effort = vasoconstriction, dois-je vous faire un dessin ?).

        Cet arrêt nous prend une bonne vingtaine de minutes, néanmoins courir au sec nous permet de repartir dans un confort matériel bénéfique pour notre moral, d’autant plus que la météo se montre plus clémente, la pluie a cessé et le soleil arrive par endroits à percer la couche nuageuse (oui, vous savez bien, ce « ciel si bas qu’un canal s’est perdu »). Plus que 45 km … Ah oui, j’allais oublier le bouillon ! Quel plaisir d’avaler enfin un truc chaud, un peu salé après 4h30 à avoir ingurgité des trucs plus sucrés les uns que les autres. J’en peux déjà plus de ces gels, barres, boissons et autres qui me transforment petit à petit en marrons glacés ou en pâtisseries marocaines. J’vais finir par pisser des Dragibus. Nous repartons ragaillardis. De plus, les quelques étirements des quadriceps que j’ai effectués ont fait disparaître les gênes au niveau du genou, en revanche du côté des cuisses, ce n’est pas la grande fraîcheur.

« There is no alternative ! », Margaret T.

              Cette deuxième partie nous fait tricoter autour de la ville de Grammont, et nous longeons des villages, traversons des bois, des zones humides, très humides, excessivement humides et surtout boueuses. Tous ces petits efforts pour ne pas glisser ou trébucher, rester concentré sur où et comment poser les pieds sont usants. J’en viens à apprécier les montées calmes et rythmées. Question forme, nous nous refaisons un peu la cerise pendant 1h30 ; à tour de rôle l’un emmène l’autre au gré des baisses et regains de forme. Cependant, à l’instar de Desproges qui « [sentait] bien depuis quelques temps [qu’il s’essoufflait] beaucoup trop bruyamment dans certains escaliers trop raides ou dans certaines femmes trop molles », notre allure tend à diminuer dans les pentes trop raides et les boues trop molles. Flo peste contre ce putain de ménisque, se demande ce qu’il fout là, qu’il ne prend pas de plaisir. Il est ronchon le frérot ! En ce qui me concerne, ça fait depuis le 30e km que je me dis que je ne suis pas fait pour ce genre d’efforts. J’aime en chier à l’entraînement, pousser la machine mais le jour J, j’aimerais pouvoir en retirer les bénéfices, merde alors ! Il reste une trentaine de kilomètres et je prie pour que notre état ne se dégrade pas trop… J’essaie de rassurer Flo en évitant les grands discours, les envolées lyriques telles que « t’as fait le plus dur ! », « n’y pense pas ! », « allez, ça va passer crème ! - certes je ne qualifierais pas ces quelques phrases de « lyriques » mais je vous la fais courte, on a l’idée quoi… Sinon question lyrisme, je me défends - , donc j’évite d’ajouter à sa douleur une logorrhée totalement déconnectée de la réalité et qui ne ferait qu’agacer un peu plus le frangin, on est fait du même bois. J’avance, il avance et hop ! on avance, on avance (C’est une évidence, de toute façon on n’a pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens…). Ainsi nous nous fixons de petits objectifs : les ravitos. Chaque étape est une petite victoire en soi. Et 10 bornes par-ci et 16 bornes par-là, les compteurs tournent. Les filles nous encouragent à chaque fois que l’on traverse un axe routier, ça permet de nous changer les idées pendant quelques instants et de repartir un peu plus serein. Aussi, nous traversons l’immense propriété d’un châtelain local, impressionnante bicoque et un domaine bien sympathique. Et surtout nous croisons des lamas… oui, des lamas, les trucs qui ressemblent au croisement improbable d’une girafe et d’un mouton. Il faut savoir que la Belgique, particulièrement la Flandre, à l’instar de la Hollande qui se targue d’être l’autre pays du fromage, est l’autre pays du lama, de l’alpaga ou de la vigogne ! Y’en a partout ! Tu colles deux trois mecs bronzés avec des ponchos, des bonnets de zadistes et des flutes de pan, tu plisses les yeux et tu te crois au Pérou, au pied du Machu Picchu ! Et s’il n’y avait que ça ! Il n’est pas rare de croiser des daims, des muntjacs (ou un cervidé dans le genre), des paons albinos, des wallabies albinos, j’en passe et des meilleurs. Un truc de fous ! En  tout cas, je ne sais toujours pas si le lama crache s’il est fâché !

Tintin en Flandres

                Nous rejoignons ainsi Grammont autour du 70e km, ça sent bon l’écurie ! Ces deux dernières heures ne sont pas les plus fun(s) de notre périple, c’est peu de le dire. Cela relève plus de l’Urban trail avec quelques passages bien pentus sur le Mur de Grammont cher aux cyclistes, des escaliers bien raides, des rues pavées (ouille les plantes de pied !). Nous longeons une dernière fois la rivière Derdre avant de rallier l’arrivée sous les applaudissements de nos fidèles supportrices, des organisateurs et des personnes occupées à siroter leur bière. Une nouvelle fois, Flo et moi franchissons la ligne ensemble, l’essentiel est là, chacun tire profit de la présence de l’autre, j’en suis persuadé. L’accueil est exceptionnel, point d’anonymat pour les Français. Le responsable du tracé nous prend dans ses bras et nous entamons une petite discussion fort amicale avec lui et le fameux « châtelain » (il aurait pu nous payer une bière !). Nous échangeons quelques plaisanteries et ne manquons pas de les féliciter pour cette journée exceptionnelle en tout point. 

           Une dernière fois, les bénévoles sont chaleureux et bienveillants à notre égard, nous discutons avec deux autres membres du staff à propos du parcours, du balisage, et des difficultés. Je prends vraiment plaisir à échanger, rencontrer les personnes qui sont derrière ces événements. Les grosses machines ne permettent pas ce genre d’interactions, c’est la différence entre faire ses courses dans un supermarché ou chez un producteur, même si les produits sont identiques, l’expérience et les effets sont différentes. Pensons-y…

J+5 : Le bilan est globalement positif même si ce ne fut pas un long fleuve tranquille, comme je l’aurais souhaité. Le format long nous convient-il ? À réfléchir… Et à suivre.

Yann Rag’

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Enfin un CR Rag'eur!!!

Par Rag' - 19-03-2016 14:41:23 - Aucun commentaire

En mode Speculoos, Maroilles et consanguinité, et en direct des (très) Hauts de France:

 

Le North C Trail by Rag'


Enjoy the Rag'

Same player, shoot again.

Par Rag' - 11-02-2016 20:19:34 - 10 commentaires

Ayé, j'ai mis à jour ma fiche K. Pfiouuu, ça faisait bien 4 ans que je n'y avais pas touché.

"Pourquoi maintenant?", vous demandez-vous. Ou pas.

Voilà presque 6 ans que j'ai dû posé un mouchoir sur mes prétentions de coureur à pied. Tel Icare se gaufrant royalement alors qu'il se rapproche dangereusement du Soleil, j'ai bâché quelques mois avant la CCC, THE objectif,  un adoubement foiré en quelque sorte.

 J'ai repris très doucement la course à pied en 2013, après être passé par la case Marche Nordique. Même si j'étais loin d'avoir réglé mes pépins physiques, trottiner à nouveau me permettait d'espérer...

La quête de performances (chronométriques, kilométriques) n'étant plus à l'ordre du jour, j'ai trouvé la motivation pour chausser les runnings dans le froid, l'obscurité ou la flotte (voire les trois à la fois) en rejoignant le club de course à pied de la "ville d'à côté". Je m'y suis investi pleinement et m'y suis épanoui, ma modeste expérience au service de tous.

Cette semaine, j'ai entamé un plan de préparation pour le marathon d'Anvers où j'accompagnerai des amis pour leur premier marathon. C'est ce que je préférais dans la course à pied, la préparation.

Aujourd'hui, troisième jour d'affilée où je cours seul, effort solitaire que je ne pratiquais plus depuis 2 ans. Et, à ma grande surprise, les sensations que je croyais avoir perdues et ne plus pouvoir apprécier, sont revenues: flashback existentiel.

Et plutôt que de polluer ma page FB de mes états d'âme de coureur à pied, je suis revenu là où tout a commencé.

Beaucoup plus à l'écoute de ma carcasse (qui me l'a bien fait comprendre...), j'ai troqué le "Courir vite (et loin), se blesser jeune" contre "Qui veut aller loin ménage sa carcasse".

À bientôt, j'espère.

 

Rag'

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Les Punks à Crêtes

Par Rag' - 15-07-2014 18:29:26 - 8 commentaires

J'ai quelques difficultés à entamer ce récit et ce, pour plusieurs raisons:

- l'absence totale d'angle d'attaque original;

- une modification de ma "philosophie" vis-à-vis des épreuves et de la course à pied en général;

- une flemme royale.

 

Mais je vais quand même m'y atteler.

 

Je vous épargne le long et douloureux feuilleton qui m'amène à rechausser mes groles de course à pied il y a une dizaine de mois. Des footings hebdomadaires de 5 km à 8km/h jusqu'aux sorties de 2 heures à 9-10 km/h, j'ai dû m'armer de patience avant de pouvoir prétendre à m'aligner sur une épreuve. Ce fut chose faite en avril en compagnie de François From Arras - quel plaisir de franchir une ligne d'arrivée avec un pote - puis en mai lors du Trail des Trois monts. J'en ai chié un peu à chaque fois mais 4 années de "pause blessure au dos et à l'âme" ont sérieusement entâmé mon potentiel kilométrique et kilométrique.

En mai, je propose à toute la bande d'éclopés des Blue Fuckers (sponsorisés depuis 2010 par URGO, Synthol, SPASFON, Cymbalta, HANSAPLAST, Jouvence de l'Abbé Soury, etc.) de se réunir pour une petite coursette dans le Hainaut belge.

Notre choix se porte sur le trail des Crêtes de l'eau noire à Pesche, 33 km et un millier de m en D+: une bonne petite épreuve de "reprise".

Malheureusement, je déplore le desistément de nombreux éminents éclopés et c'est un trio de warriors qui s'alignera au départ: le Ware, le Pascal et votre serviteur.

L'organisation est au top, dois-je le préciser tant il est connu que nos amis d'Outre-Quiévrain sont des virtuoses dans ce genre de manifestation? Inscription via leur site, pas de faux certificat médical à fournir (sic), une pasta party, des douches prévues, des ravitos, dossards à puce, etc. Je dois avouer que je n'ai retrouvé ce type d'organisation que sur un autre trail belge (La Bouillonnante) et sur la CCC (mais là tu laisses tes économies de l'année rien que pour l'inscription et la logistique...).

Le départ est donné à 10 h et nous nous élançons de la cour d'une gigantesque école. Le ciel est nuageux mais la température plutôt clémente.

Nous nous retrouvons très vite avec le serre-fil qui nous sert de guide touristique. Les paysages sont magnifiques, je me prends à m'imaginer dans le Cantal à la vue de certaines maisons en pierre! Ça grimpe, ça descend, nous franchissons à plusieurs reprises un cours d'eau dont l'eau fraîche est un bienfait pour les pieds et mollets. Les sentiers serpentent à flanc de collines au beau milieu de bois de chênes, de hêtres et de quelques résineux. J'ai de très bonnes sensations, mon rythme de sénateur me convient parfaitement. J'ai enfin appris à courir lentement!

Les ravitos (km 10 et km 23) sont complets, même en étant à la dernière place!

Je boucle les 33 km en un peu plus de 5h, je ne suis pas trop entamé même si les genoux commençaient à couiner dans la descente vers Pesche. Je suis avant-dernier, ça me convient très bien tant il est agréable de courir sans des hordes de coureurs soufflant et éructant autour de soi.

À l'arrivée m'attendent ma femme et mes enfants, le Ware et le Pascal. La portion de pâtes est engloutie tout en étant à l'écoute du tirage au sort qui clôture l'épreuve.

Le bilan est très positif et cette expérience en Belgique ne demande qu'être reproduite.

Courir sans désir de performance, même modeste, est libérateur.

Vivre la course de l'arrière est beaucoup moins stressant.

Être dernier a quelque chose de jouissif.

 

Désolé pour le CR minimaliste, je ne suis pas inspiré et vous décrire ma course par le menu me saoule très vite.

 

Un petit clin d'oeil au Ware: "C'était vraiment pas mal cette course!"

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Chronique

Par Rag' - 27-04-2014 21:15:00 - 8 commentaires

Salut à toutes et à tous,

 

Ça y est , j'ai recouru ma première épreuve depuis plus de quatre ans, un petit trail bien sympa par chez moi. J'utilise l'adjectif "sympa" mais si j'avais dû courir au milieu d'une zone industrielle sous la flotte avec un vent à décorner les cocus et une température frisant le 0, ça aurait été tout aussi sympa. Primo, je courais avec un de mes précieux amis, secundo épingler un dossard sur ma bedaine que j'ai laissé pousser (comme la barbe) m'a définitivement remis le pied à l'étrier, même si l'étrier appartient à un poney nain asthmatique... 26 bornes sans trop de difficultés, beaucoup de plaisir, une petite renaissance en quelque sorte et François pour m'accompagner. Que demander de plus?

Depuis quatre ans, je vois que pas mal de choses a changé dans le merveilleux monde du trail "que c'était mieux avant et encore mieux avant". Beaucoup plus de dates pour gambader çà et là et surtout, des organisations qui n'ont plus rien à envier aux courses sur route... Il fut un temps où le Trail auréolé d'une virginité ô combien indiscutable s'opposait sempiternellement au démon de la route... He ben, j'ai bien l'impression que tout le monde est définitivement sur un pied d'égalité. Encore que ça ne m'étonnerait guère que la bonne humeur des courses dites "au saucisson", les 10 bornes bien bitumeux sont devenues plus "roots", plus populaires que n'importe quel petit trail du fin fond de la cambrousse tant la débauche de moyens est ahurissante. 

Bon, je m'arrête là. Pardonnez-moi, j'aime l'ironie et les sarcasmes.

Ceci dit, depuis quelques semaines, je me prends à fréquenter à nouveau le forum et ses sujets. He ben, j'ai pas été déçu! Quelle tolérance, quelle ouverture d'esprit!

Du post où on se fout d'la gueule des coureurs qui se "mudisent" la gueule dans une Frappadingue à coups de billets de 50 roros. Rhooo, que c'est cher!! Que c'est commercial!!! Et en plus, ils veulent aller faire des tours de piste dans un stade couvert!! Mais qu'ils sont bêtes alors! Heureusement que nous, on est plus intelligent. Il est vrai que le trail s'est préservé de toute pression commerciale... Hein!? des pompes à 150€, des vestes à 250, 300 voire 400€? Et des GPS, au cas où on se perd..., à 400€? Des boissons énergétiques et poudre de perlimpinpin qui coûtent un bras et une hypothèque de la baraque? Non, je ne vois vraiment pas où vous voulez en venir... Non, mais, des fois, et puis, tourner en rond à la queue leuleu, c'est complètement con. Nous on préfère faire des 24h sur des boucles de 1km et/ou jouer au petit train autour du Mont Blanc, c'est plus joli. Et puis, on ne se laisse pas avoir par toute cette société de consommation! Non, mais des fois!

Ce qui me permet de rebondir sur le sujet des méchants GPS qui sont très chers, très très chers et qu'on n'est prêt à tout casser car "faut pas me prendre pour un con, j'en achète tout le temps et je suis super déçu! Je suis pas une vache à lait quand même!" Bah si.

Je vous épargne le duel trail/marathon: qui c'est le plus dur? Bah, ça dépend. Mon fils de cinq ans me demandait souvent du requin ou du tigre, qui c'était le plus fort? Bah, j'avais beaucoup de mal à répondre. Faudrait peut-être qu'il réponde sur le forum, mon marmot?

Qu'est-ce que je rigole! Tant de fraîcheur!

Bon, je suis quand même bien content d'être ici. C'est le plus important.

À bientôt.

 

Pour un CR peut-être.

 

Rag'

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On ze road again

Par Rag' - 16-03-2014 19:32:54 - 4 commentaires

Le Rag' is back!

 

Lentement but back quand même.

 

Tant pis pour vous.

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Citius, Altius, Fortius, Fatuitus

Par Rag' - 04-05-2012 20:23:54 - 12 commentaires

Ça fait un bon bout de temps que je ressasse le sujet, que je gamberge à propos de cette fuite en avant qui anime le monde de l’Ultra - dont je ne cherche plus à faire partie. À la lecture de quelques récits, de fora dédiés à la course à pied ainsi que de blogs tenus par des fanatiques du « toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus dur », mon sentiment s’est sensiblement modifié : de l’étonnement, je suis passé à de l’ébahissement voire à de l’envie, pour finalement en arriver à me poser la question : « Quel est l’intérêt de cette quête du « toujours plus » ? Quelle est la motivation qui anime ces individus ? ».

Mes réponses, loin d’être objectives, n’en sont pas moins inquiétantes car l’insatisfaction  semble prévaloir dans cette recherche de limites. D’une pratique de la course à pied qui voulait s’affranchir de la dictature du chronomètre l’on en arrive à une dictature de la distance et du dénivelé.

Un marathon en 4h ? La prochaine fois, ce sera en 3h45. Puis en 3h40. Puis en moins de 3h30. Etc.

Un trail de 30 bornes ? La prochaine fois, ce sera 50. Puis 70. Puis 90. Etc.

Je vous épargne les estimations de D+.

Ce carcan chronométrique insupportable pour les prosélytes du trail, de l’ultra ou de l’ultra-trail se retrouve transposé sous forme de kilomètres. Et toujours impossible de se défaire de ce fameux chrono ! Les barrières horaires sont là pour le prouver. Parcourir une distance en un temps imparti, quelle différence avec le marathonien qui cherche à performer ? La performance quantifiable est omniprésente, impossible d’y échapper même si certains se voilent la face et continuent à se bercer d’illusions quant à la supériorité d’une pratique sur l’autre.

Chacun est libre de ses choix, rationnels ou pas. Je n’ai pas à porter un jugement de valeurs sur ce comportement néanmoins, je peux lire régulièrement des propositions de parcours que je trouve aberrantes. La « Lyon SaintéLyon » ou le futur ( ?) Double Écotrail (Tour Eiffel - Départ - Tour Eiffel) en sont de malheureux exemples. Lorsque l’on est capable de se taper 150 bornes en courant, quel est l’intérêt de parcourir un trajet en aller-retour ? Personnellement, j’irais plutôt me mitonner un tracé bucolique si j’avais cette capacité physique. Pourquoi choisir une course célèbre comme support de cet A/R ? Se frotter à d’autres coureurs, histoire d’en épater plus d’un ? Chercher l’assentiment de pairs ? La reconnaissance plutôt que l’anonymat ?

Au mieux, c’est un manque d’imagination, au pire de la vanité.

 

Rag'_dubitatif

PS: Cette vaste (et double) question mériterait qu'on s'y attarde sur le forum. Malheureusement, polémique et internet ne font pas bon ménage.

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Salubrité publique

Par Rag' - 21-03-2012 08:51:13 - 12 commentaires

Étant donné le nombre nul de réponses à ce billet, j'estime que le message a fait mouche et que ce serait faire oeuvre de salubrité publique de le publier sur ce blog.

En attendant vos remarques et critiques constructives -comme toutes celles du forum (sic)- je vous souhaite bonne lecture ainsi que bonne cogitation.

Rag'


"Salut à toutes et tous,

Cela fait un bail que l'envie d'écrire un long billet sur ce fil me taraude. Non pas pour raconter mes pépins physiques, mes états d'âme, ma convalescence ou ma rémission, mais plutôt pour faire un signe à celles et ceux qui, ne voyant pas le bout du tunnel, se sont éloignés petit à petit du forum voire qui ont quitté définitivement le milieu de la course à pied. Il est évident que peu de personnes qui sont "sur le carreau" depuis plus d'un an ont encore envie de participer à la vie d'un site dédié aux sports d'endurance. C'est compréhensible, c'est humain, le masochisme a ses limites...
J'ai quelques noms (pseudos) en tête, de blessés annonçant leur multiples retours faisant suite à de multiples blessures diverses et récalcitrantes. Finalement, comme l'on dit chez les jeunes, ils ont "lâché l'affaire".
J'espère qu'ils ont su prendre le recul nécessaire pour affronter le vide que peut laisser le non-assouvissement d'une passion. La passion est destructrice quoiqu'on en dise, souffrance de soi, souffrance de ceux qui nous entourent.

L'avantage d'une passion, c'est qu'elle est omniprésente, occulte tout, occupe nos moindres pensées. C'est l'idéal pour s'échapper des vicissitudes de la vie. Rustine idéal de notre condition humaine.
Sauf que...
Le jour où cela coince dans la belle machine, où la mécanique ne veut plus, ne peut plus, la belle passion non assouvie croupit au fond de notre esprit, le vide apparaît. Et l'on se trouve confronté à toutes les questions auxquelles l'on n'a jamais voulu vraiment prendre le temps de répondre: "Pourquoi courir? Pourquoi souffrir de ne pas courir? Comment remplir autrement ce gouffre qui est apparu devant moi? Qu'ai-je voulu combler?" Tant de questions que chacun devrait se poser à priori. Trop peu le feront.

Ayant parlé de l'avantage d'une passion, j'aimerais aborder les inconvénients. Comme elle est omniprésente et dévorante, la passion anéantit le champ des possibles. Aucune place digne de ce nom pour d'autres activités qui sont, dans le meilleur des cas, des succédanées. 

Deux ans que je ne cours plus. Et j'ai fini par lâcher l'affaire, tenté de répondre à toutes ces questions et ce que j'en retire ne me flatte guère. J'ai souffert, plus dans ma tête que dans mon corps. Beaucoup plus. Mais j'ai mûri et le regard que je porte sur la pratique de la càp est d'autant plus acerbe que j'ai sacrifié beaucoup sur l'autel de la passion.
Finalement, après 24 mois, je peux dire que cette blessure fut une chance, une épreuve bien plus enrichissante qu'une quelconque ligne d'arrivée franchie. Je vis.

Rag'

PS: Je n'ai pas tiré un trait sur la càp, néanmoins j'ai fait un énorme tri sur mes envies, mes motivations. Un jour peut-être... ou pas. En tout cas, j'ai furieusement envie de découvrir d'autres choses.

PS2: Je suis conscient que peu ou prou se reconnaîtront dans ce portrait d'un passionné. Malheureusement, j'ai bien peur d'avoir raison pour une énorme majorité..."

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"Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien."

Par Rag' - 13-12-2011 19:04:57 - 8 commentaires

J-10

Ça y est, c'est fait. La lettre est postée. Plus moyen de reculer.

J'hésite depuis quelques temps à m'aligner sur une distance supérieure à 25 bornes uniquement armé de ma bite et de mes bâtons. Le choix fut assez facile. J'ai fait ma couille molle et je vais me taper 36 bornes et quelques sur une rando pépère de chez pépère.

J'aurais pu aller jouer le hamster compulsif aux 6 heures de Marchiennes, malheureusement je crains l'opprobe des puristes de la marche athlétique. C'est con comme réaction. M'enfin, j'en ai conscience...

 

J+2

Première fois.

PremièreS fois plutôt.

Premier CR depuis le début de mes pépins physiques, premier CR ayant pour thème la marche nordique, première sortie "officielle" à l'occasion de la Rando des 5 monts.

Cet évènement est organisé par l'école publique (j'y tiens) de Berthen (entre Boeschepe et Godewaersvelde, "Gode" pour les intimes. Très intimes. Genre DSK). La rando accueille près de 2 000 VTTistes sur quatre circuits (85 kms pour le plus long) et 1 000 randonneurs sur cinq circuits dont le plus long totalise 36 kms. C'est ce parcours que je décide d'entamer, il est à cheval sur la frontière franco-belge en parcourant les sommets enneigés de la Cordillère des Flandres. Je sais... Je la ressors à toutes les sauces cete fameuse "Cordillère" mais, n'en déplaise aux obsédés du D+ et autres Stakhanovistes de la pente à 75%, ici, ces monts sont vénérés, déifiés. D'ailleurs, une coutume ancestral veut que, chaque 16 juin, en hommage à Annie Cordy, nous sacrifions un couple de chômeurs et un pédophile (on les élève ici) en chantant du Plastic Bertrand et du Benny B., artistes ô combien adulés dans nos contrées.

 

C'est sans pression aucune que je me rends au départ de la rando. D'emblée, un constat s'impose:

  1. Stressomètre proche de 0: pas de chrono, ni de barrières horaires et encore moins d'heure de départ, c'est le pied total! C'est une rando pédestre, chacun est libre de choisir sa distance et démarre quand il le désire. Moi, j'dis ça, j'dis rien mais si le traileur lambda était si insoucieux des chronos et autres perfs, il se pointerait beaucoup plus souvent sur ce genre de manifestations. Balisage nickel, ravitos sympas et de la bonne humeur "en veux-tu, en voilà", que demander de plus? Des filles? He ben, y'a qu'à demander! La proportion de dames et demoiselles sur ces randos est laaaargement en faveur du beau sexe. Plutôt que de cotoyer une horde de mecs poilus, bourrus et dégoulinants de sueur, mon choix est vite fait...
  2. Une préparation kilométrée (en opposition à celles millimétrées effectuées les années précédentes). Aucune planification, que des kilomètres parcourus à la recherche d'un maximum de plaisir.
  3. Un équipement de warrior, je dirais même de "ranger", de Nordic Texas Walker Ranger! J'ai sorti toute la panoplie du parfait petit trailer: des pieds à la tête, ça pue le trail tendance ultra (seulement tendance hein!?): poche à eau, vêtements techniques et un tas de bricoles qui me semblent bizarrement bien plus utiles ici que sur d'autres épreuves où je courais. À commencer par les guêtres, autant ces dernières me semblaient relativement superflues en trail car je m'accomodais assez facilement d'un caillou dans la chaussure, autant, en marche, le moindre objet qui s'infiltre dans la godasse est un vrai calvaire. Et, par expérience, j'ai pu constater que cela arrivait beaucoup pus fréquemment en marche qu'en course. Même sur bitume! Ajoutez à cela le déroulé du pied qui vous fait apprécier la contondance du corps étranger... Je vous promets que les guêtres vous évitent bien des désagréments.

Passons les détails techniques et revenons à la rando proprement dite. Les organisateurs ont tellement bien fait les choses que randonneurs et VTTistes ne se croiseront que très rarement. Ça tombe car le peu de fois où j'ai pu en rencontrer, ce ne fut pas vraiment un plaisir... 

Je me dirige vers la salle où je retire le "roadbook", fiche plastifiée où sont inscrits une liste de numéros correpondant aux bornes qui jalonnent les chemins de randonnée des Flandres belge et française. On m'indique que le premier ravito est au 11ème kilomètre et que j'y repasserai au 29ème. On sent que l'organisation est bien rôdée, rien n'est laissé au hasard, tout ça pour 5€. Et à l'arrivée, j'ai le droit à un potje vleesch salade avec une bière. Pfiou! Dire qu'ils arrivent encore à dégager une belle somme pour financer les projets pédagogiques de l'école du village: les organisateurs sont tous les deux enseignants et les bénévoles sont les parents d'élèves, quel exemple de citoyenneté.

Je démarre donc sous un ciel gris et menaçant, par précaution, j'ai remisé ma veste coupe-vent et ai opté pour ma super Gore-tex "spécial CCC que j'ai pas fini". Très bonne idée sachant qu'en marchant, ça caille vraiment plus qu'en courant. En plus, y'a du vent! Bon, de la pluie, du vent, dans le Nord, c'est courant... mais c'est chiant.

Sur les premiers kilomètres, les randonneurs, quel que soit leur option de parcours, empruntent des tronçons communs et je dépasse quelques groupes. C'est l'occasion d'échanger un bonjour, des encouragements voire d'engager une courte conversation sur la marche nordique. D'ailleurs, je croise un groupe de jeunes femmes dont l'une d'entre elles s'exclame en me voyant: "ça, c'est vraiment le truc que j'aimerais essayer!". Je suppute que le "ça" désigne la marche nordique et non pas mon corps élancé de marcheur nordique déguisé en ultra jet set trailer. Un peu gêné par tant d'engouement, je joue le mec blasé et passe mon chemin. Une phrase me vient à l'esprit: "Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien" (merci Noir Désir, ou Nord Désir plutôt...).

Les kilomètres défilent et je ne double plus personne. Le temps se dégrade, un fin crachin jette un voile opaque sur la plaine environnante. Le parcours emprunte les chemins du Mont noir et du Mont Boeschepe que je connais pour les avoir pratiqués naguère. L'automne est passée par là, mais la clémence du temps en ce mois de novembre nous permet d'admirer le feuillage des essences d'arbres qui recouvrent les monts: chataigners, hètres, chênes sont majoritaires. Quel spectacle enchanteur! Du rouge, du jaune, de l'orange, les frondaisons éclatent de mille feux. Je vous fais pas un dessin, pas la peine d'en faire des tonnes, vous qui avez déjà vadrouillé, couru, marché, orienté ou forniqué en forêt savez à quel point Dame Nature peut être généreuse pour qui sait voir.

J'arrive au premier ravito et mon accoutrement interpelle les bénévoles qui s'y trouvent. Connaissant le merveilleux (sic) monde de la course, il me questionne sur les épreuves auxquelles j'ai déjà participé. Plutôt que de jouer les caïds ou les faux-modestes (vous vous reconnaissez?), j'embraye sur ma nouvelle passion et, tel Omar Sharif, je leur assène un "La Marche Nordique, c'est mon dada" qui réussit à égayer l'ambiance sous la tente. Une dame charmante est aux petits oignons avec moi et me propose de me sustenter à volonté afin d'entamer la plus grande portion de la rando, une boucle de 18 bornes où j'arpenterai le Mont Kemmel, en Belgique. Je quitte le ravito après 1h25 de marche.

Je vois encore moins de monde étant donné que je suis, à ce moment, sur la boucle exclusive du 36 bornes. Nous ne sommes qu'une quinzaine de randonneurs à avoir opté pour ce parcours. Les 15 kilomètres suivants sont extrèmement plaisants: les flancs du Mont Kemmel sont recouverts de prairies, de bois et de vignes (eh ouais, de vignes! Ne me questionnez pas sur le type de vin qui y est produit, je n'en sais foutre rien. À part que cela doit être une sacrée piquette... De la vigne dans les Flandres?! Et pourquoi pas de la bière à Bordeaux?). J'échange quelques mots avec un Flamand. Je tiens à saluer les Belges d'un "dag" plutôt qu'un "bonjour" frot inapproprié. Ça vous plairait qu'un anglais vous disent "good morning!" en plein Cantal? Ou cela vous traverserait-il l'esprit de dire "bonjour" en plein Madrid? Moi, non. Question de respect. Bon, c'était la parenthèse moraliste. J'en ai fini. Ouf.

Au kilomètre 25, je sens que les jambes tirent un peu, rien de grave mais la fatigue s'installe. Et la lassitude aussi, alors que je quitte le Mont Kemmel pour rejoindre le Mont Noir et son ravito par une longue ligne droite de 2 ou 3 km. J'arrive au ravito serein et passablement trempé. Non pas par la flotte qui tombe sans discontinuer mais par mon "jus". Je baigne dans mon jus, j'ai chaud mais le mopindre arrêt me refroidit illico. Je ne tarde donc pas: je remplis ma poche à eau. Je mange trois pruneaux, un epoignée de cacahuètes et zou! me voilà reparti pour les 6 derniers kilomètres. 

L'organisation a décidé de nous faire passer par la partie basse du Parc Marguerite Yourcenar du Mont Noir. J'ai beau avoir parcouru ces sentiers en long, en large et en travers, je suis toujours admiratif de la nature foisonnante et changeante suivant les saisons ou la météo. Arbres centenaires, parterres de fleurs sauvages, fruitiers dénudés par l'automne, prairies de fauche, toute cette flore inspire le calme et la sagesse. Pas étonnant que ce parc Yourcenar accueille la villa du même nom, résidence d'écrivains. Sûr qu'ils y trouvent la sérénité et la beauté nécessaires à toute production littéraire.

Alors que je longe une nouvelle fois une plantation typique de houblon, j'aperçois la salle des fêtes de Boeschèpe. Les deux derniers kilomètres sont une formalité sans intérêt. Je suis pressé d'en finir, heureux de n'avoir ressenti aucune gêne et d'avoir pu trottiner dans les descentes. J'espère peut-être pouvoir courir en 2012, sait-on jamais...Je suis accueilli à la salle par Manu qui possède le magasin Horizons Nature  à Villeneuve d'Ascq près de Lille. Nous blaguons et parlons matos de Marche Nordique. J'en profite pour me descendre une petite binouze bien agréable!

Pour l'instant, cette rando est la première étape vers mon objetcif principal en 2012: les 100 kms de Steenmachin.

 

Je vous donne RDV en mars lors des 6 heures de La Gorgue où j'affronterai une nouvelle fois...

 

...LA DAME QUI CRIE.

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