Salubrité publique
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Salubrité publique

Par Rag' - 21-03-2012 08:51:13 - 12 commentaires

Étant donné le nombre nul de réponses à ce billet, j'estime que le message a fait mouche et que ce serait faire oeuvre de salubrité publique de le publier sur ce blog.

En attendant vos remarques et critiques constructives -comme toutes celles du forum (sic)- je vous souhaite bonne lecture ainsi que bonne cogitation.

Rag'


"Salut à toutes et tous,

Cela fait un bail que l'envie d'écrire un long billet sur ce fil me taraude. Non pas pour raconter mes pépins physiques, mes états d'âme, ma convalescence ou ma rémission, mais plutôt pour faire un signe à celles et ceux qui, ne voyant pas le bout du tunnel, se sont éloignés petit à petit du forum voire qui ont quitté définitivement le milieu de la course à pied. Il est évident que peu de personnes qui sont "sur le carreau" depuis plus d'un an ont encore envie de participer à la vie d'un site dédié aux sports d'endurance. C'est compréhensible, c'est humain, le masochisme a ses limites...
J'ai quelques noms (pseudos) en tête, de blessés annonçant leur multiples retours faisant suite à de multiples blessures diverses et récalcitrantes. Finalement, comme l'on dit chez les jeunes, ils ont "lâché l'affaire".
J'espère qu'ils ont su prendre le recul nécessaire pour affronter le vide que peut laisser le non-assouvissement d'une passion. La passion est destructrice quoiqu'on en dise, souffrance de soi, souffrance de ceux qui nous entourent.

L'avantage d'une passion, c'est qu'elle est omniprésente, occulte tout, occupe nos moindres pensées. C'est l'idéal pour s'échapper des vicissitudes de la vie. Rustine idéal de notre condition humaine.
Sauf que...
Le jour où cela coince dans la belle machine, où la mécanique ne veut plus, ne peut plus, la belle passion non assouvie croupit au fond de notre esprit, le vide apparaît. Et l'on se trouve confronté à toutes les questions auxquelles l'on n'a jamais voulu vraiment prendre le temps de répondre: "Pourquoi courir? Pourquoi souffrir de ne pas courir? Comment remplir autrement ce gouffre qui est apparu devant moi? Qu'ai-je voulu combler?" Tant de questions que chacun devrait se poser à priori. Trop peu le feront.

Ayant parlé de l'avantage d'une passion, j'aimerais aborder les inconvénients. Comme elle est omniprésente et dévorante, la passion anéantit le champ des possibles. Aucune place digne de ce nom pour d'autres activités qui sont, dans le meilleur des cas, des succédanées. 

Deux ans que je ne cours plus. Et j'ai fini par lâcher l'affaire, tenté de répondre à toutes ces questions et ce que j'en retire ne me flatte guère. J'ai souffert, plus dans ma tête que dans mon corps. Beaucoup plus. Mais j'ai mûri et le regard que je porte sur la pratique de la càp est d'autant plus acerbe que j'ai sacrifié beaucoup sur l'autel de la passion.
Finalement, après 24 mois, je peux dire que cette blessure fut une chance, une épreuve bien plus enrichissante qu'une quelconque ligne d'arrivée franchie. Je vis.

Rag'

PS: Je n'ai pas tiré un trait sur la càp, néanmoins j'ai fait un énorme tri sur mes envies, mes motivations. Un jour peut-être... ou pas. En tout cas, j'ai furieusement envie de découvrir d'autres choses.

PS2: Je suis conscient que peu ou prou se reconnaîtront dans ce portrait d'un passionné. Malheureusement, j'ai bien peur d'avoir raison pour une énorme majorité..."

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12 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 21-03-2012 à 10:13:11

Je suis désolé pour toi. Une passion n'est peut-être pas le bon mot pour aborder la course car passion vient d'un mot qui veut dire souffrir et ce n'est pas notre but. Quant à faire d'autres activités, heureusement que la course à pied n'est pas exclusive...
J'ai eu un premier sport avant la course, le judo, et il m'a été très difficile d'arrêter mais à 49 ans, je commençais à me détruire. Sept ans plus tard, je m'en félicite quand je vois mes amis qui ont continué et qui craquent de partout.
Nous avons la chance de pratiquer un sport peu traumatisant si nous restons modérés. Malheureusement, la mode est au dépassement de soi et trop de trails sont des épreuves au sens propre.
Je te souhaite de reprendre un jour ce sport convivial car courir rime aussi avec rire.

Commentaire de L'Dingo posté le 21-03-2012 à 10:43:58

Pour démentir le nombre de réponse nul, je vais me lancer à une réponse non nulle j'espère.

Membre attitré depuis pas mal de temps aux communautés "la CAP pour les Nuls", "le Trail pour les Nuls" et même recemment "Le Triathlon pour les Nuls", je suis partisan du bien fondé de la "polypassion successive".
Elle évite de fait le caractère monomaniaque qui pourrait s'instaurer et aussi la dépression relative qui peut survenir en cas de blessure.

je connais et apprécie le Rag, au moins autant pour ses écrits tant sur la caniculture que sur la vénérerie( non, non ce n'est pas sexuellement transmissible :-))) , que pour ses performances chronometriques:
Preuve que l'on peut developper plusieurs talents simultanéments.

Bref, l'évolution c'est l'adaptation , la vie c'est le mouvement,[et le changement c'est maintenant, ooops je digresse :-))) ].

Alors le Rag, lache pas l'affaire et viens nous conter tes nouvelles expériences quelles qu'elles soient.



Commentaire de L'Dingo posté le 21-03-2012 à 10:46:49

.. 2 eme!, je me suis fait encore poutrer par le Lutin.!:!!

ça m'a pas fait mal. est ce que je m'y habitue ou pire µ...j' y prends goût :-))))

Commentaire de Le Loup posté le 21-03-2012 à 12:07:34

Tiens, j'aurai bien voulu l'écrire ce texte ! Manque de pot je ne suis que rarement blessé, et lorsque je le suis ça ne dure pas. On ne sait jamais... Je garde l'adresse dans un coin : il est si finement écrit qu'il mériterait un bon plagiat.

Commentaire de Rag' posté le 22-03-2012 à 17:12:45

Je n'ai pas voulu asseoir mon argumentation sur l'étymologie de "passion"; à mon sens, cela aurait biaisé la critique. L'expérience et l'observation sont le socle de mon argumentaire. Mon expérience est par définition subjective, néanmoins, à la lecture des différents sujets, aux réactions, aux préoccupations des coureurs(ses) fréquentant les forums, il est évident que la souffrance est recherchée: ne parle-t-on pas de mental? De limites? De 200%? Ne voit-on pas une fuite en avant vers "plus long", "plus haut", "plus loin", n'est-ce pas du masochisme? Alors que la raison nous forcerait à être plus serein, posé. Dans cette notion d'Ultra, le plaisir est a posteriori et repose sur une volonté de "se dépasser" comme si, intrinsèquement, notre vraie valeur ne pouvait se mesurer qu'à l'aune de l'héroïsme.
Avec du recul, je me rends compte que les activités pratiquées depuis l'adolescence l'ont été toujours avec beaucoup de passion, voire trop. Je me suis brûlé en côtoyant des passionnés qui m'ont vacciné pour longtemps, ou en demandant trop à mon corps, mes proches. En ce qui concerne la càp, je ne me reconnais pas dans la pratique de la grande majorité, dans les valeurs qu'elle véhicule et dans l'absence cruelle d'auto-critique. J'aime faire les choses sérieusement sans me prendre au sérieux, et force est de constater, que la distanciation n'est pas l'apanage de tous.
J'aurais encore beaucoup à vous dire, de nombreux exemples concrets sur le forum ou ailleurs étayeraient mes propos.
Merci Lutin et L'Dingo

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 24-03-2012 à 15:01:34

Très beau texte Rag'
Je me retrouve également dans ton vécu , comme elle est douloureuse la privation de sa raison de vivre! Comme s'il n'y en avait pas d'autre!
Pourtant si... et on s'en remet.
Ca ne veut pas dire que je ne redoute pas "le jour où", et mon récent nouveau boulot, en me faisant travailler le week-end entre autres m'a donné à réfléchir sur ce point!
Mais le choix est cependant vite fait, car on ne peut vivre de trail et d'eau fraîche, mais je regrette ces mini vacances à chaque fois que je partais en compète, les rencontres que j'y faisais.
C'est peut-être ça qui m'embête le plus, mais globalement j'arrive à courir encore et contenir la dépression qui s'est invitée récemment. Ne nous plaignons pas.
Si tu as encore beaucoup à nous dire, ne te gênes pas surtout... ;-)

Commentaire de Rag' posté le 24-03-2012 à 16:26:42

"privation de raison de vivre", c'est lourd de sens et c'est inquiétant d'en arriver là.
La force est peut être de savoir papillonner ("scanner" dirait mon ami) sans trop s'aliéner.
Goûter à tout afin de ne pas s'écoeurer et choper une crise de foie. ;)

Commentaire de Mustang posté le 24-03-2012 à 22:43:18

Tiens donc!! Je suis en train de suivre cette pente!!! pente, non mais je sais bien que la CAP va m'être difficile maintenant, sans vouloir me le dire, je m'y prépare depuis un an. Je peux encore pratiquer le VTT et le vélo, c'est un moindre mal. Ce matin, j'ai couru 30 mn - oui 30 mn selon le plan de mon kiné! Il faisait beau à la plaine des sports. Une lumière diffuse.. en longeant les jardins ouvriers, j'entendais d'une radio Shakira reprenant Cabrel. Sur la piste, les cadets du club s'entrainaient avec enthousiasme. J'ai eu plaisir ce matin à courir, exercer mon corps dans cette gestuelle simple qu'est la foulée, où le corps s'élève, reprend appui pour s'élever à nouveau, dans cette recherche obstinée d'apesanteur.. seulement 30 mn ! J'en suis là mais ce fut intense. Certes, les grands espaces hantent mon esprit. Je n'y ai pas renoncé. Ton texte m'interpelle. Les longues réponses des autres kikous montrent que tu mets le doigt sur quelque chose d'essentiel.
Paradoxalement, je suis au niveau sportif en pleine reconversion. Habitué aux grands espaces, je retourne à la piste de mon adolescence, cet anneau de 400 m. Non pas pour l'arpenter, mais pour accompagner les athlètes dans leur pratique en tant que jury régional. Autre ambiance mais tout aussi passionnante!
Cela dit, j'espère toujours pouvoir m'échapper. J'y pense. Pour d'autres raisons avant l'irrémédiable. Pour accomplir les choses différemment. Mais je me revois dans mes "ultras". Qu'est-ce qui m'a poussé à faire cela? Peu importe, j'en suis fier. Ce fut magnifique.
Maintenant, il me faut composer avec mon corps que j'ai sans doute malmené. Mais avec lui, je veux encore exercer ce plaisir inouï de se déplacer dans un espace choisi, si humble soit-il.Orgueil certainement pour faire la pige à l'ennemi intérieur qui me dévore.

Commentaire de jpoggio posté le 25-03-2012 à 11:05:52

Je suis désolé d'avoir loupé le fil initial, le message est très intéressant. Il faut, je pense, savoir gérer le seuil d'inconfort dans une pratique, et la maintenir pour le plaisir : il vaut mieux un footing calme dans un coin sympa de 30mn où on se sent vivant et heureux de l'être qu'un Ultra de 30h qui ne sera que souffrance et dégâts sur l'organisme.
Je ferai un parallèle entre ma situation et celle de Mustang pour un autre sport : j'ai pratiqué longtemps l'escalade à bon niveau (Jusqu'à 7a à vue dans les années 80), et après 10 ans d'interruption, j'ai repris à un niveau modeste qui me permet de goûter au geste sans que ce soit un fardeau, et surtout, je suis passé du côté "gestionnaire" du club, permettre à des ados et des adultes débutants de grimper, pour renvoyer l’ascenseur aux bénévoles du CAF de mes 15 ans, certes, mais aussi pour le plaisir du partage, de la chance offerte aux autres.

Commentaire de Arclusaz posté le 26-03-2012 à 09:41:45

C'est vrai que c'est un beau sujet avec de belles contributions.

Mon approche est différente. Je suis un "passionné raisonnable" : je sais que ces deux mots ne vont pas ensemble, je ne suis donc peut être pas vraiment un passionné !
Mon objectif est que ma passion (la CAP mais surtout la balade en nature) dure le plus longtemps possible : je m'écoute donc beaucoup tant physiquement (au moindre bobo, je m'arrête) que psychologiquement (si je n'ai pas envie, je n'y vais pas !).
Bien sur, cet état d'esprit est un frein considérable voire rédhibitoire à toute progression (ça tombe bien, l'esprit de compétition m'est totalement étranger ).

Je prends donc mon temps dans ma pratique du sport (une premier marathon après 20 ans de pratique assidue de CAP !)et n'ai pas envie d'augmenter les distances de mes trails : je ne souhaite pas dépasser les 50 km (à part la STL mais ce n'est pas du trail !) car il me semble qu'après on bascule dans une autre dimension qui ne peut que entrainer de l'usure.

Je suis fasciné par les passionnés (rien de grand ne s'est fait sans passion !!!!!), prêts à tout pour assouvir leurs envies, mais je ne suis pas comme eux !

En espérant n'avoir pas trop fait dévier ce sujet en exposant un cas peut être un peu trop personnel.

Commentaire de Marco47 posté le 04-04-2012 à 18:58:02

Ma tête n'a pas lâché l'affaire mais mon genou droit si..cela fait bientôt trois ans que j'ai les boules, le Vtt, le vélo de route ou la natation ne compensent pas le plaisir que j'AVAIS de courir.
Les médecins me disent que je n'ai plus 20 ans eh! oh! j'ai pas l'age de certains...et tout cela me fait penser que soit j'en ai trop fait pendant un temps soit j'aurais dû en faire encore plus pour ne rien regretter aujourd'hui.

Commentaire de philkikou posté le 06-05-2012 à 11:03:40

... Avant tout inscription à des Ultras, 24h. , etc... la lecture des billets du "Rag' " devrait être obligatoire, pour être SUR que l'on se lance dans une telle aventure pour les bonnes raisons... ;-)

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