It's a shame....
Rag'

Aucune participation prévue dans les 8 semaines à venir.

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It's a shame....

Par Rag' - 01-05-2008 17:31:00 - 8 commentaires

Cela faisait deux ans que l’idée m’effleurait l’esprit, qu’elle revenait à intervalles réguliers. Après chaque course, chaque épreuve un tant soit peu ardue.

« Serai-je capable de devenir un Centbornard ? »

 

 C’est début 2008 que l’idée s’est petit à petit concrétisée. Sous la forme de boutade, puis de vague projet, enfin de défi lancé à moi-même ainsi qu’à mon fidèle acolyte, Fabrice. Suite à l’Hivernale du Raid Normand (+ 50 bornes et 1200 D+) où je n’avais pas ressenti de grosses difficultés, j’ai décidé de me préinscrire sur le site des 100 kms de Steenwerck.

Néanmoins, durant les trois mois qui me séparaient du départ, les soucis, approximations et découragements se sont accumulés… La préparation fut une longue et morne improvisation : dans l’incapacité de suivre un plan de préparation digne de ce nom, je me suis mis à accumuler les longues sorties de 1h30 à 2h15. A cela venaient s’ajouter des pépins physiques récurrents (sciatiques, tendinites, contractures). A noter également que mon sommeil est loin d’être réparateur depuis trois semaines (boulot, stress, morosité sont les malvenues avant une épreuve de ce calibre). Il s’en est fallu de peu que ma préinscription ne devienne jamais une inscription…. Et ce « peu » se nomme Fabrice. Le fou s’est inscrit directement sans passer par la case préinscription « je-prends-le-temps-de-bien-réfléchir ».Donc, nous voilà, tous les deux ce 30 avril à 19h au départ des 100 kms. Auparavant, j’ai pu bavarder avec Pégase et Chtigrincheux, ce dernier me prêtant généreusement un Buff Kikouroù (j’ai perdu le mien trois semaines plus tôt), j’ai croisé Embrunman, Voilier59, ForrestGump, 100bornard1022. Sympa de faire ou refaire connaissance !

Nous nous élançons donc à petite allure sur le tracé jaune. Nous blaguons, saluons la foule et les premiers kilomètres sont vite avalés. Je prends bien soin de m’hydrater et manger à chaque ravitaillement, et il y a de quoi ! Nous discutons avec un coureur qui participera à l’UTMB 2008, son rythme est  identique au nôtre et nous faisons un bon bout de chemin ensemble.

Etant donné que la nuit n’est pas encore tombée et que le ciel rechigne à nous tomber sur la tête (petite pluie au départ et le vent semble se calmer au fur et à mesure de la course), il est de bon ton d’admirer le paysage et les quelques bâtisses qui jalonnent le parcours. Bon, c’est vrai que c’est plat mais l’on peut admirer les flèches des clochers alentours qui se découpent sur l’horizon avec le soleil couchant en arrière-plan. Le seul dénivelé se matérialise par deux montées de ponts d’autoroutes que je décide d’affronter en marchant.

Le premier tour se termine et il est temps de faire un bilan : pas de bobos à l’horizon, les jambes commencent à être raides (déjà ?) mais j’ai espoir que la production d’endorphine puisse me les « endormir ». 2h34 pour les 23 premiers kilomètres, c’est honorable car nous nous arrêtons une à deux minutes à chaque ravitaillement. Manuwak m’encourage et cela me booste vers la sortie de la salle (merci à lui).

Le deuxième tour est entamé, la frontale est sortie et nous reprenons notre rythme. Nous passons le km25 et ma réaction fut de déclarer que nous avions fait le quart. « Déclaration digne de La Palisse » me direz-vous. Peu me chaut car, à cet instant de la course, mes neurones sont en stand-by et, vu que je ne suis pas très optimiste quant à ma forme physique, j’essaie de me motiver comme je peux… C’est mauvais signe.

Plus la nuit avance, plus les distances s’étirent. Ce tour n’en finit plus. « Si ça continue, faudra qu’ça cesse... » me dis-je en pouffant intérieurement. Mieux vaut prendre çà à la rigolade ! Chaque arrêt au ravitaillement est un soulagement pour mes cuisses qui durcissent (et y’a bien que ça qui durcit à ce moment-là !), je m’étire un peu et repart à chaque fois pour une épreuve de trois kilomètres, distance entre chaque ravito. J’essaie de dire quelques mots à Fabrice mais il n’est pas en meilleur état que moi, j’entends sa foulée qui rape le sol à intervalles réguliers. Pas dans son habitude, lui qui monterait les genoux au niveau du menton !

J’essaie de positiver, de me dire que l’endorphine va bientôt faire son effet, que je vais me brancher en mode « croisière » avec neurones en mode « off », que les 40 kms ne sont pas loin, que 50 kms, c’est pas grand-chose, que ça sera super une fois la ligne d’arrivée franchie…. Rien n’y fait, le moral s’évapore à mesure que le doute m’assaille. Très mauvais signe.

Et voilà qu’une voiture de l’organisation nous dépasse lentement, un gyrophare sur le toit. Que fait-elle là ? La réponse nous arrive très vite en pleine poire : le premier nous dépasse ; C’est bouche-bée que Monsieur Premier nous dépose comme deux vieilles déjections canines sur un trottoir…

Peu de temps après, je ressens une pointe sous le genou gauche. Bizarre. Cela fait deux ans que mon genou droit me fait des siennes, que je me focalise sur celui-ci et v’là ti pas que le gauche se rappelle à mon bon souvenir… « non ! Pas toi ! Tu peux pas m’faire çà ! Pas maintenant ! Pas aujourd’hui ! Traître ! » Cinq cent mètres plus loin la douleur est vive et me force à l’arrêt. C’est fini. La messe est dite. Le doute qui m’assaillait a fini par me submerger et l’idée d’abandonner s’est incrustée définitivement au sein de mes pensées. J’essaie de reprendre le rythme initiale mais je dois me rendre à l’évidence : le mal est là, l’envie n’y est plus, j’ai envie de hurler, de pleurer, de frapper ce genou qui me trahit, ces cuisses qui ne répondent plus à mes sollicitations. J’ai honte. Quel prétentieux j’ai pu être.

Les deux derniers kilomètres, car ce seront les derniers, sont un calvaire ; à la douleur physique vient s’ajouter la douleur morale, autrement plus dure à accepter et à supporter. Nous entrons dans la salle, je bois, mange, cherche autour de moi un regard salvateur. J’échange quelques mots avec Fabrice et me décide à consulter un des kinés à disposition. Il est à mon écoute, me questionne. Son diagnostic semble s’orienter sur un problème au niveau des lombaires. Je m’étire, essaie de trottiner  hors de la salle mais quelques secondes de footing me forcent à l’évidence : je ne serai pas centbornard aujourd’hui. Fabrice, quant à lui, est cuit de chez cuit. Ce n’est pas son jour. Ce ne sera pas notre jour.

 

            Avant de rejoindre la voiture, je laisse un mot sur la fiche Kikouroù pour signaler mon abandon.

 

 

Honteux, anonyme, seul…

 

Rag’

 

 

Bravo à tous.

 

 

 

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8 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 01-05-2008 à 22:23:28

Ne te fais pas de bile, l'abandon n'est pas une honte, au contraire. Et c'est un spécialiste du crash qui te le dis. Je dirais même qu'il faut un certain courage pour abandonner au lieu de continuer jusqu'à la défonce.

Commentaire de Mustang posté le 01-05-2008 à 22:42:10

La défaite est amère, cruelle, mais demain sera un autre jour, un autre jour où, à nouveau, tu chercheras d'autres défis.

Commentaire de Marco47 posté le 02-05-2008 à 09:12:04

C'est parce que c'est dur que c'est beau ; si on pouvait faire un 100 km comme un 10, quelle valeur aurait le titre de centbornard ??? tu as fait preuve de sagesse en abandonnant, pour ne pas te casser plus ; c'est un investissement sur ta prochaine course, bravo et bonne chance.

Commentaire de corto posté le 02-05-2008 à 09:35:40

Je plussoie avec Marco.
Et puis attends c'est pas une honte hein, moi aussi mon 1er 100km j'ai abandonné. Quand je lis le début de ton CR il y a une raison à ton abandon. Pas de plan adapté, pas de motivation réelle, et puis je paris que tes sorties longues tu les as faites sur terrain meuble (type trail)?
Pour moi ça a été la raison de mon echec, j'avais pas fait de route du tout.

Allez c'est pas grave Ragondin, y en aura d'autre.

Commentaire de L'Dingo posté le 02-05-2008 à 12:12:46

Encore un CR trèe bien écrit par l'Rag. Cette fois point d'humeur joyeuse , de piques vénielles qui viennent égratigner les balourds. Non, mais du vécu et du ressenti.
Rassures toi, Rag, on a tous été un jour en galère au point d'abandonner. Mauvaise prépa, mauvaise condition physique, mauvais "Kharma" du jour...c'est ainsi. Il n'y a pas de honte à abandonner dans l'action. J'avais toujours trouvé "lache" d'abandonner jusqu'à ce que cela m'arrive , subitemment , lorque le moral s'ecroule une fois que le physique a durement vascillé. On cherche des excuses, on s'en veut , mais en fait ce n'est que le sport qui nous rappelle que la vie c'est une succession de petits echecs pour quelques moments privilégiés que l'on appelle des succès. Remets toi bien des blessures pour revenir plus motivé et plus fort, et d'ici là fais travailler ta plume... A la prochaine aventure :-)

Commentaire de Epytafe posté le 05-05-2008 à 11:03:12

Et rappelle toi ces paroles du grand teuton : "Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort!" Les échecs sont toujours une grosse douleur, il est dur de s'imaginer, de se savoir échouant. Mais un jour ou l'autre, tu en tireras des enseignements précieux, une expérience de plus.

Commentaire de olo posté le 05-05-2008 à 15:14:54

Allez le Rag' It's not a shame du tout, c'est un abandon... tu te relèveras plus fort!

Commentaire de Hay-David posté le 13-05-2008 à 18:39:09

Tu verras l'an prochain, ou une prochaine fois, tu franchiras cette ligne avec beaucoup d'émotion et tu repenseras à cette "échec" comme une étape pour ta réussite.
Il faut rebondir maintenant, enfin, après avoir récupéré ;o)

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